Nadal, le ''cyborg''
En dominant Roger Federer (7-5, 7-6, 5-7, 6-1), Rafael Nadal a égalé le record de Björn Borg, sextuple vainqueur à Roland-Garros. L'Espagnol reste n°1 mondial et empoche son 10e Grand Chelem.
« Si je joue comme ça, je ne peux pas gagner. » Quand Rafael Nadal avoue ses faiblesses, ses adversaires doivent se méfier. L'humilité est sa marque de fabrique, l'adversité est son moteur à l'image de cette édition 2011. Il commence avec des doutes, il finit avec des certitudes pour battre (7-5, 7-6 [3], 5-7, 6-1 en 3h40') Roger Federer, enregistrer son dixième Grand Chelem et égaler le record de six titres de Björn Borg à Roland-Garros. Pour ce moment d'histoire, il faut deux grands acteurs. Sur le Central, vous avez les Beatles et les Rolling Stones sur la même scène.
Et sur terre battue face à son grand rival, le Suisse se met au diapason de l'événement. Après son chef d'oeuvre des demi-finales, le 3e mondial propose un récital de jeu d'attaque (30 points sur 41 montées). Il ne s'est jamais montré aussi inspiré et agressif (64 coups gagnants pour 58 fautes directes) contre le Majorquin. D'entrée, il prend à la gorge son adversaire, varie à merveille, tient le bras de fer en revers et n'hésite plus à enchaîner service-volée, même sur ses secondes balles. Mais il faut durer. Paradoxalement, c'est toute la problématique à résoudre pour le plus grand joueur de tous les temps. Faire durer la flamboyance...
Nadal, digne héritier
Il suffit de deux mauvais choix pour perdre le premier set : une amortie de revers qui atterrit de quelques millimètres dans le couloir sur une balle de set à 5-2 et un coup droit décroisé dans la course de son adversaire lors du débreak. Et la clepsydre s'inverse. Rafael Nadal s'engouffre dans la brèche (43 coups gagnants pour 27 fautes directes). Ses frappes trouvent de la longueur, la lourdeur de son coup droit commence son travail de sape et ses passings en bout de course renaissent pour inscrire sept jeux d'affilée. Quelques gouttes de pluie à 7-5, 5-4 (40-30) retardent l'échéance du gain du deuxième set.
A 7-5, 7-6, 4-2, il se dirige vers son illustre aîné, Björn Borg. Roger Federer connaît la difficulté. Il en possède seize et détient une pléiade de records. Son orgueil et son talent compliquent la tâche du Majorquin. Plus décontracté que jamais à Roland-Garros, le Suisse monte le son avec des attaques permanentes et un jeu de jambes de jeune homme. Sur les trois derniers jeux du troisième set, il ne perd que trois points et réalise un break blanc. Sur le premier jeu de la quatrième manche, il enchaîne et mène 0-40. En immense champion, l'Espagnol libère son bras pour se dérouler le tapis rouge. Dans l'adversité, il n'est jamais aussi fort. La force mentale traverse les générations, ''Ice Borg'' a trouvé un héritier de feu. - Sophie DORGAN
En véritable patron, Rafael Nadal remporte son 6e Roland Garros aux dépens de Roger Federer, battu 7-5 7-6[3] 5-7 6-1 en 3h40. Le Majorquin, 25 ans, égale Bill Tilden en nombre de Grands Chelems remportés (10). Il restera numéro 1 mondial lundi.
Revivez le match en live ici !
C’était peut-être la finale que Rafael Nadal avait le plus de chances de perdre. C’est en tout cas celle où il a montré qu’il était vraiment, et encore cette année, le roi de la terre battue. Brinqueballé en début de quinzaine, Rafa a progressé au fil des tours pour sortir son meilleur tennis ce dimanche face à un Federer méritant.
Le Suisse débute d’ailleurs parfaitement la rencontre. Sur sa ligne, très mobile, Roger dicte le jeu sans commettre de fautes. Rafa lui, ne semble pas encore vraiment dans son match. Rapidement, le Suisse prend l’avantage : 3-0, 4-1 puis 5-2. 5-2 justement. Ce jeu qui a peut-être tout changé. Remise en contexte : Nadal est au service, toujours malmené par le Suisse. Celui-ci obtient même une balle de set à 30-40. L’échange dure, Federer domine, Rafa gambade. Et une amorti suisse malvenue finit dans le couloir. La suite, c’est une remontée impitoyable de l’Espagnol qui, enfin dans son match, lance son entreprise de destruction massive. 5-3, 5-4, 5-5, 6-5, puis 7-5. Aie.
Le bilan de ces premières 50 minutes de jeu côté suisse, c’est une manche de perdue et surtout un gros coup derrière la tête. L’hémorragie continue en début de second set. Presque perdu sur le court, Roger ne semble plus savoir comment s’y prendre pour gagner un point. Tout revient. Long, haut, profond. Et si en plus le revers lâche… Le résultat, c’est une réelle domination espagnole. Un temps seulement. Car Roger se réveille pour débreaker à 4-3. A 4-4, l’Espagnol breake à son tour. Pour se faire rattraper après une interruption d’une dizaine de minutes (pluie). Tout cela se finit dans un tie-break logiquement dominé par l’Espagnol (7-3).
7-5, 7-6. Il y a peut-être 5 points de différence au compteur mais deux sets à zéro pour l’Espagnol. Un Espagnol qui enchaîne. A 4-2 break Rafa, les chances du Suisse semblent très très minces. Et pourtant, Federer se rebelle. De nouveau tourné vers l’avant, décidé à faire mal sur chaque frappe, le Suisse fait son retard, revient à hauteur et breake à 6-5. Poussé par tout un public qui y croit encore, Roger conclut à 7-5. Les amorties bien touchées comme les chops rasants ont payé.
Mais Nadal met rapidement fin aux espoirs adverses. Trois balles de break sauvées d’entrée de manche – histoire de montrer que le patron est toujours là. Puis un break empoché sur un jeu blanc à 3-1. Cette fois le boss est lancé. Il ne laissera plus un jeu à son numéro 3 mondial d’adversaire. Au final, ça fait 4 sets, 3h40 de jeu et une 6e victoire à Roland Garros, la 10e en Grand Chelem. A 25 ans. Le tout en conservant sa place de numéro 1 mondial. Le boss, c’est définitivement bien lui ! - Pauline Dahlem
Nadal a six pieds sur terre
Rafael Nadal a remporté son sixième Roland-Garros, dimanche, en usant Roger Federer comme lors de leurs précédents duels sur la terre parisienne. Le Suisse, qui a manqué une balle de premier set, s'est incliné (7-5, 7-6, 5-7, 6-1). Nadal rejoint Borg au palmarès et conserve sa place de N.1 mondial.C'est comme un film dont on connaît déjà la fin.
Après une cinquième joute parisienne, c'est désormais une évidence : dans un match à Roland-Garros entre Rafael Nadal et Roger Federer, c'est toujours le Majorquin qui gagne. Pour cette quatrième finale face à son meilleur adversaire, le N.1 mondial a triomphé du Suisse pour soulever son dixième titre du Grand Chelem. A 25 ans, c'est phénoménal. Une modèle de précocité que seul Bjorn Borg, plus jeune champion à réaliser cet exploit, devance pour une petite journée. Avec ce sixième sacre en seulement sept participations, l'irréductible Majorquin marche donc dans les traces du Suédois, le seul joueur de l'histoire qui lui arrive à la cheville sur terre battue mais qui avait eu besoin de huit tentatives dans les années 70 et 80 pour atteindre ce total (de 1974 à 1981). En plus de Borg, Nadal rejoint cinq autres légendes avec au moins dix majeurs au palmarès : Tilden, Laver, Emerson, Sampras et son adversaire du jour, Federer, recordman du genre avec 16 titres.
Premier joueur à défendre un titre majeur depuis "Rodgeur" à l'US Open 2008, "Rafa" a réussi la passe de six à Paris au bout d'un parcours d'abord chaotique, puis de plus en plus brillant pour atteindre un niveau bien meilleur en finale. L'Espagnol n'avait pourtant pas donné des gages de sérénité tout au long de la quinzaine, contrairement à 2008 et 2010 où il n'avait pas perdu une seule manche, mais il faut croire que le lien qui lie le Majorquin à Roland-Garros semble plus fort que tout. Inexorablement, Federer n'a toujours pas réussi à trouver les solutions face au phénomène qu'est Nadal. Le Suisse se consolera d'avoir disputé sa première finale du Grand Chelem depuis sa victoire à l'Open d'Australie en janvier 2010 et d'avoir mis fin à la série de 43 victoires consécutives de Novak Djokovic (depuis la finale de Coupe Davis fin 2010) au terme d'une demi-finale d'anthologie, certainement le plus beau match de la quinzaine. Mais il cachera sans doute ce record terrible pour lui : il est le seul à avoir perdu une quatrième finale à Roland-Garros.
10e titre du Grand Chelem pour Nadal
Comme en 2006, lors de leur première finale à Paris, le Suisse a démarré pied au plancher en réalisant sept premiers jeux parfaits. Et comme il y a cinq ans, Federer a baissé pavillon après coup, à ceci près qu'il avait remporté la première manche (6-1), chose qu'il n'est pas parvenu à faire cette année. Le Suisse a mené 5-2, a eu une balle de set, manquée d'un rien, puis s'est écroulé. Mentalement et tactiquement. Le fameux grain de sable qui l'avait fait dérailler auparavant est revenu casser la machine helvète. Les premières balles de service, passées de 90% à 63%, sont un premier indice. Les balles de break non converties (5/15), un second élément qui en dit long sur sa déroute. Nadal en a profité pour enchaîner sept jeux et s'offrir la première manche et un avantage psychologique décisif. L'Espagnol, qui menait 4-2 après un jeu blanc pris sur le service du Suisse, aurait pu même remporter la deuxième manche tranquillement sans un retour orgueilleux de Federer jusqu'à un jeu décisif, finalement gagné par l'Espagnol 7 points à 3.
A 5-5 dans la troisième manche, le Suisse reprenait pourtant espoir en s'adjugeant la mise en jeu du Majorquin et le set dans la foulée (7-5). Exploit que seul John Isner était parvenu à faire lors du premier tour, et ce à deux reprises après deux jeux décisifs. Cela n'a pas suffi à faire rompre l'Espagnol qui n'avait, de toute façon, jamais perdu un match en cinq sets en tournois du Grand Chelem après avoir remporté les deux premières manches. Pour l'anecdote, l'Espagnol remporte son 3e titre de la saison, après Monte-Carlo et Barcelone, le 46e de sa carrière. Et surtout conserve sa place de N.1 mondial des griffes de Novak Djokovic, qui aura une nouvelle occasion de briguer son rang à Wimbledon, où l'Espagnol a encore un titre à défendre dans trois semaines. Mais là, ce sera une autre histoire ? - Sébastien PETIT
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