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vendredi 3 juin 2011

Pour ses 25 ans, Rafa se qualifie pour la finale de Roland-Garros

Nadal contre vents et Murray

Le tenant du titre Rafael Nadal s'est qualifié vendredi pour la finale en dominant Andy Murray (n°4) en trois manches (6-4, 7-5, 6-4) et 3h17' de jeu. 

Rafael Nadal est tout proche du sixième ciel. Tombeur successivement de Robin Söderling et Andy Murray, le quintuple vainqueur vient de balayer une bonne partie des doutes que lui-même avait sur son jeu et que les suiveurs commençaient également à soulever. Sur un court Chatrier assiégé par le vent, le n°1 mondial a très bien joué le coup tactiquement et a fini par faire plier un Ecossais dont les nerfs n'étaient pas assez solides pour se battre contre Nadal, les bourrasques et lui-même.

Une question de caractère. A ce stade de la compétition et entre deux joueurs de ce niveau-là, certes les plans tactiques sont importants, mais l'attitude l'est encore plus. Nadal, du début à la fin, est resté d'une concentration et d'un calme de ténor. Murray, du début à la fin, a tenté de calmer la frustration quasi constante dans laquelle il évolue. Que ce soit à cause du vent, d'une faute, d'un coup décentré ou d'un coup gagnant adverse, l'Ecossais a toujours une bonne raison de hocher la tête, dépité. En face, Nadal est tout aussi frustré quand il se retrouve à 5-4 face à deux balles de break, alors qu'il a mené 5-1 au premier set, mais jamais il ne sort de son match. Au pire il grimace et jette un regard agacé à son clan. Mais sur le point d'après, la machine est prête au combat. Le scénario s'est répété à chaque tournant du match : la troisième balle de set finalement convertie, les deux balles de break écartées en début de deuxième set, et encore celles sauvées à 3-2 puis 4-3 dans le dernier set. Avoir la tête froide, ça paie. Les nerfs à vif, beaucoup moins.

Nadal, main de fer et nerfs d'acier

Une victoire en trois sets donc, ou comment ne jamais oublier que Rafael Nadal est lui aussi un très grand tacticien. Quand on pense stratège, on serait parfois tenté de penser Murray. Mais qu'il a été rusé l'Espagnol lors de cette demi-finale. Sur une surface qui l'avantage évidemment, il s'est plus imposé par ses bons choix que par sa plus grande puissance en coup droit ou son sens de la glisse. Murray lui avait préparé des attaques de revers très courtes et croisées, des diagonales à grande vitesse sur son revers et une agression en règle de la deuxième balle. Seulement le plan anti-Murray de l'Espagnol s'est avéré bien plus efficace.

Dans un nouveau bon jour que ce soit dans ses frappes ou son jeu de jambes, il a donné une leçon de contre à un spécialiste du genre. Combien de coups droits le long de la ligne sur des attaques de revers ? Combien de revers gagnants croisés alors que Murray attendait la faute ? Et toutes ces balles liftées très hautes en revers en plein milieu du court pour décontenancer un Murray privé de vitesse : un festival de très bonnes options. Au final, le réalisme et l'expérience énorme de Nadal dans ces matches sous haute tension ont payé. Que ce soit sur terre battue ou sur surface rapide, Nadal continuera d'avoir l'avantage sur Murray tant que ce dernier ne pourra pas atteindre le niveau de concentration de l'Espagnol. Ce dernier a la conviction gravée au fond des tripes qu'il peut gagner dans n'importe quelle condition et face à n'importe qui. Au moment d'aller chercher une sixième victoire Porte d'Auteuil, c'est une qualité qui n'a pas de prix. - Carole BOUCHARD






Nadal fidèle au poste

Plus solide sur les points importants, Rafael Nadal a fini par venir à bout d'Andy Murray (6-4, 7-5, 6-4) au terme d'un combat de plus de trois heures et quart. Pour la 6e fois de sa carrière, le Majorquin est en finale à Paris. Il a gagné les cinq premières. Il y retrouvera Djokovic ou Federer.


Nadal, ce n'est vraiment pas un cadeau. Le jour de ses 25 ans, le maître de Roland-Garros a fini par user un Andy Murray accrocheur mais trop inconstant pour réussir l'exploit. Cette victoire en trois sets traduit toutefois mal l'intensité du combat et la difficulté de la tâche qui fut celle de l'Espagnol. Trois sets certes, mais 3h17 de jeu. Heureusement pour les organisateurs que cette première demi-finale n'est pas allée en cinq manches, sans quoi Federer et Djokovic n'auraient eu aucune chance de finir leur match vendredi soir... 

On peut toujours épiloguer sur les sautes d'humeur du jeu de Rafael Nadal, sur ses sautes de tension, parfois, en cours de match, sur sa présupposée fragilité par rapport aux années précédentes. Tout ce ci est peut-être vrai mais il n'en reste pas moins que, une fois encore, Nadal est en finale. Et mine de rien, depuis qu'il a été mené deux manches à une par John Isner au 1er tour, il a tout de même remporté 17 sets de suite. Ils aimeraient être nombreux sur le circuit à douter de cette façon. Dimanche, il faudra lui passer sur le corps pour le priver de cette Coupe des Mousquetaires qu'il a déjà ramenée à cinq reprises à Manacor. Comme on pouvait le craindre pour lui, Andy Murray n'avait pas la solution au problème majorquin. 

Murray a trop gâché
 
A l'exception du début de rencontre, où il a été rapidement mené 5-1, l'Ecossais n'a pourtant pas été fondamentalement dominé par Nadal. A tour de rôle, les deux hommes ont eu l'emprise sur le jeu. Ils n'ont malheureusement que trop rarement bien joué en même temps, ce qui a empêché ce match tendu de devenir vraiment emballant. Le problème pour Murray, c'est qu'il a beaucoup moins bien négocié les quelques points déterminants de la partie. Pour preuve, ces 19 occasions de break, pour trois converties seulement. Nadal a eu beaucoup moins d'opportunités (13 au total), mais il a réussi deux fois plus de break (six). Presque un jeu de service sur deux, le tenant du titre a été en difficulté, mais il a presque toujours trouvé le moyen de s'en sortir. 

Mieux, chacun des trois breaks concédés par Nadal ne furent que des debreaks. Ils n'ont donc jamais permis à Murray de prendre vraiment l'ascendant. Dommage pour l'Ecossais, toujours au contact mais que l'on a jamais vraiment senti en mesure de renverser la montagne Nadal. Il devra donc attendre pour jouer sa première finale sur terre battue... Moins constant que contre Robin Söderling en quarts de finale, Nadal a commis 31 fautes directes en trois sets, contre 13 seulement face au Suédois. Face à Murray, ça a suffi. Dimanche, il devra sans doute se rapprocher de son score de mercredi pour conquérir une sixième couronne parisienne, qui ferait de lui l'égal de Bjorn Borg. A 25 ans et deux jours. - Laurent VERGNE

article publié sur Eurosport.fr 









RG - Nadal : "Je suis triste pour Andy"

Qu’est-ce qui a fait la différence aujourd'hui ?

Dans ce type de match, ce sont toujours des petites choses. Je pense que j'ai vraiment très bien joué au début du match dans le premier set. Après, 5-1, il me semble que j'ai commencé à faire quelques erreurs. J'ai perdu un petit peu ma manière de jouer. Et j'ai fait deux erreurs idiotes à 30/15, à 5-2. Quand je suis revenu avec mon coup droit sur une balle très longue. Ensuite, il a bien joué. Puis, il y a eu le service contre le vent à 5-4. C'était vraiment un jeu crucial selon moi. Donc, j'ai gagné le premier set. Avec le premier set pour moi, je me disais le match va être long. C'est le genre de conditions qui m'aident.

Rafa, tu as sauvé 15 balles de break sur 18 et tu as fait 16 breaks sur 30. Penses-tu que tu as su jouer les points importants mieux que lui ?

Oui, c'est vrai que j'ai sauvé beaucoup de balles de break. J'ai su sauver des points sur des moments importants. J'ai toujours eu le score en ma faveur, j'ai toujours mené au score. Il m'a breaké au début du second set mais j'ai débreaké. Il n'y a eu aucun moment un break en sa faveur. Ceci étant, il a eu beaucoup d'opportunités au premier set, j'ai dû sauver beaucoup de points importants grâce à mon service. Comme je vous le disais précédemment, pour gagner ce genre de match, cela se joue sur de petites choses. C'est le joueur qui a un peu plus de chance que l'autre sur ce type de point, qui a le plus de chances de gagner. Aujourd'hui, c'était moi. Je me qualifie pour la finale.

Jouer avec autant de vent sur le Central avec des tourbillons de poussière, c'était difficile ?

C'était difficile. De l'extérieur, vous ne pouvez pas vous imaginer comme c'est difficile de jouer dans de telles conditions. Pendant un moment, cela allait. Puis à d'autres, quand on joue avec le vent, à la droite de l'arbitre, c'était très difficile. On avait peur de frapper contre la balle parce que le vent était complètement dingue et changeait de direction à tous les moments. C'était très très difficile. Je n'aime pas jouer avec le vent mais bon, quand il y a du vent, il y a du vent, il faut adapter son jeu.

Est-ce que ta confiance est revenue ou as-tu eu encore des doutes pendant le match ? Comment tu vas te sentir pendant la finale ? Tu seras en mesure de jouer ton meilleur tennis ?

Ce sera une finale de Roland Garros. On sait que sur une finale, on peut avoir des problèmes mais on ne peut pas avoir de doutes. Pour ce qui est du niveau, non. Par contre, perdre… Le doute fait partie de la vie, cela fait partie du sport. Je pense que tout le monde le vit, le ressent, je ne suis pas l'exception à la règle. Si vous faites la comparaison entre maintenant et il y a une semaine, c'est totalement différent.

Rafa, tu as 25 ans aujourd'hui, quand tu repenses à ta carrière et à ce que tu as accompli, quel est ton sentiment ?


Mon début de carrière remonte à 9 ans, cela fait longtemps que je suis sur le circuit, que je vole à travers le monde. Beaucoup de choses ont changé. Ce qui n'a pas changé, c'est le plaisir de jouer au tennis, le plaisir de faire les choses bien et le plaisir de me retrouver avec un bon classement pour pouvoir jouer le match que j'ai joué aujourd'hui, celui que je vais jouer dimanche. C'est une chance.

Pour parler de Murray, de la difficulté à jouer sur cette surface, s'est-il amélioré de ton point de vue ?

J'ai toujours apprécié Andy comme joueur, comme homme. À chaque fois que je le bats dans ce genre de match, je suis triste pour lui parce qu'il mérite de gagner un Grand Chelem, cela ne fait aucun doute. Il va gagner parce que son niveau est absolument fantastique. Il manque quelquefois de chance. Il s'est beaucoup amélioré, c'est un joueur très complet. Il peut jouer magnifiquement sur d'autres surfaces. La terre battue n'est pas sa surface de prédilection mais il s'est amélioré d'année en année. Maintenant, on va aller sur gazon, c'est un très bon joueur sur gazon ou surface dure, il aura toutes les chances de gagner. Il aura une très belle année.

Rafa, vous vous attendez à ce que Borg soit dans les gradins pour la finale ? Vous pouvez espérer égaler son record ?


Non, je n'y pense pas. J'ai énormément de respect pour le grand Borg mais je me concentre pour bien jouer, ce qui est pour moi beaucoup plus important. Je veux gagner Roland Garros, c'est plus important que de faire aussi bien que lui. Alors maintenant, si Borg est là, je serais ravi de lui dire bonjour mais ce n'est pas une raison pour laquelle il doit être là.

C'était un match très intense. Murray a été très combatif, en plus le vent était très changeant, c'était dur.


Oui, merci beaucoup. En effet, le match a été très complet, très intense, il y a eu des occasions différentes. Comme vous l'avez vu, il y a eu 3 sets, on a joué pendant 3 heures et plus, plus d'une heure par set. Il y a eu des échanges très longs. Beaucoup d'échanges, des jeux qui ont été très prolongés, des moments très intenses, des situations compliquées aussi bien pour lui que pour moi. Je pense que cela a été un match de très bon niveau de mon point de vue. Le premier set surtout jusqu'à 5-1, mon niveau était très élevé. Après, j'ai baissé un peu. J'ai joué un peu plus le long de la ligne, cela m'a fait faire des erreurs alors que j'aurais pu concrétiser et finir ce set mais bon, j’ai réussi quand même. Le match a été très dur et tout le temps j'étais au-dessus, et j'ai franchi chaque obstacle, même si parfois le contrôle m’échappait un peu, ce qui est logique lorsqu'on a un joueur aussi bon que Murray. J'ai réussi à dicter les jeux je pense, c'est très positif.

Le fait d'arriver à cette finale, est-ce quelque chose de spécial par rapport à d'autres finales ?

Chaque fois que je viens ici, je dis la vérité. Je dis ce que je pense. Je viens ici tous les jours et à chaque fois que je vous parle, je vous dis la vérité. Je ne jouais pas bien au départ, j'avais dit qu'il fallait changer la situation et avoir une meilleure attitude et que si ce n'était pas le cas, je pouvais rentrer à la maison. En fait, heureusement, les choses ont changé pour moi. J'ai été très présent aux moments cruciaux, les choses se sont bien déroulées. Bien sûr, je suis très content. Je vais bien fêter ça parce qu'être en finale à Roland Garros, ce n'est pas si évident. Tout d'abord, c'est quelque chose que l'on rêve d'atteindre, on n’est jamais sûr de l'atteindre. C'est un rêve, devenu réalité. Je suis vraiment très content d'être en finale, dans un des tournois les plus importants du monde sur terre battue. J'ai toutes les raisons d'être content surtout que j'ai dû résoudre des situations très difficiles lors de la dernière semaine et demie. Je suis en finale, je suis très content. Il fallait que j'oublie cette anxiété, ces craintes. Maintenant, j'ai confiance. On n'a pas beaucoup de confiance lors du premier tour, lors du deuxième tour, on se dit : « Il ne faut pas que je perde, sinon mon classement va souffrir ». Maintenant, je suis plus libéré, j'ai bien défendu mes points, je n'ai plus cette crainte de voir mon classement dégringoler. Celle-ci est une année magnifique pour moi. Voilà ce qui compte, ce que je retiens. Une très bonne année, je suis très content. Il y a peut-être eu deux incidents mais mis à part cela, je suis très content. Je ne garde que du positif de tout le reste, pour moi.

C'est une journée spéciale : ton anniversaire et tu passes en finale. Comment as-tu géré tes émotions ?

L'émotion est tout à fait gérable. On peut jouer bien, on peut mal jouer mais les émotions, on peut très bien les gérer puisqu'on a de l'expérience. J'ai le caractère suffisant, et l'expérience pour bien gérer mes émotions. Dans tous les cas, il faut bien gérer ses émotions que l'on perde ou que l'on gagne. La semaine prochaine, je serai au Queen’s. Si tu perds ce tournoi, la semaine prochaine, tu as une autre occasion de gagner. Lorsque tu perds, tu rentres à la maison et tu recommences. Les émotions sont les mêmes, j'essaie de gérer, de contrôler, je suis très content et satisfait de tout ce que j'ai accompli. Je remercie également tous ceux qui m'ont soutenu, entouré. Grâce à eux, je suis ici maintenant.

Rafael, à 25 ans, quelle est la différence entre ce Rafa de 25 ans et celui de 19 ans ? Il y a un record que tu as battu, tu seras le joueur n°2 qui a réussi à gagner ici, qu'en penses-tu ?

Chaque joueur est différent. Chaque moment de chaque carrière est différent. Ce sont des choses très banales. Le numéro 1, le numéro 2, pendant 10 ans, il y a toute une série de choses qui se sont produites. Ce n'est pas toujours le numéro 1 qui doit gagner les tournois. C'est évident, il ne peut pas gagner tous les tournois. Chaque tournoi est différent et a ses propres challenges. Tous les jours, tu vas sur un court et tu peux gagner ou perdre. Le Rafa d'il y a 7 ans par rapport à celui d'aujourd'hui, quand on a 18 ans et que l'on gagne la première fois, on se dit : « Ca y est, j'en ai gagné un, je vais peut-être avoir une carrière un peu plus tranquille ! ». Pas du tout, pas du tout, mensonge ! Ceux qui gagnent, continuent d'avoir de la pression, ils ont plus de pression et essaient de gagner de plus en plus. Arriver à la finale de Roland Garros, c'est toujours une envie renouvelée, elle ne change pas. Elle est vraiment extraordinaire. Je souhaite continuer comme cela. - Marion Poupart 

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"Gagner contre un champion comme Rafael signifie beaucoup pour moi. Rafael est un joueur fantastique. Il va être présent longtemps et je suis content d'avoir gagné ce titre avant qu'il ne les prenne tous" --Roger Federer