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jeudi 2 juin 2011

Rafa ne traîne pas face à Soderling et rejoint le dernier carré à Roland-Garros

Nadal domine ses démons

Rafael Nadal se rassure en dominant (6-4, 6-1, 7-6[3]) Robin Söderling, très fébrile avec le vent. En demi-finale, l'Espagnol affrontera Andy Murray. 

Où en est Rafael Nadal ? Le stress, l'usure du pouvoir et une qualité de jeu en baisse érodent sa statue depuis le début de Roland-Garros. Il le dit lui-même après son huitième de finale : «Aujourd'hui, je n'ai pas le jeu pour gagner le tournoi.» Il évoque son anxiété et la pression publiquement : «Ça fait des années que je dois maintenir un très haut niveau, chaque jour. Ça fait beaucoup de stress.» Avant d'ajouter : «Dès qu'on reconnaît un problème, on peut l'affronter et trouver des solutions.» Pour démêler le sac de noeuds mental et physique, Robin Söderling se présente sur sa route. Et c'est un vrai problème, bien identifié. Rafael Nadal trouve une solution avec une victoire (6-4, 6-1, 7-6[3] en 2h35') pour retrouver Andy Murray en demi-finale. En trois sets, il vainc ses démons actuels et son démon de 2009.

«Si Nadal gagne son prochain match, on pourra dire qu'il est de retour aux affaires», a prévenu Ivan Ljubicic, le grand sage du circuit, battu en huitièmes par le Majorquin. Contre le Suédois, il est bien de retour aux affaires. Ce n'est plus le même, il est moins dominateur qu'en 2010, commet plus de fautes directes qu'en 2008, mais il gagne comme en 2005, 2006, 2007, 2008 et 2010. Quand l'adversité survient, le champion renaît. En montrant ses failles, il donne des informations à son adversaire, mais il change aussi de position. Il n'est plus l'immense favori et le Suédois n'est plus un simple outsider. La pression est bien partagée... Et Robin Söderling ne tient pas ses nerfs avec le vent tourbillonnant sur le central.

Avec son lancer de balle qui touche les étoiles et son déplacement sans ajustement très précis, le 5e mondial réalise un début de match catastrophique, et encaisse un double break en douze minutes. De son côté, le Majorquin joue plus profond, plus lourd, commet moins de fautes (13 au total pour 28 points gagnants), son bras se libère et ses jambes moulinent plus vite. Sur son île, Rafael Nadal a appris à jouer dans toutes les conditions. Joueur d'indoor, Robin Söderling tempête et multiplie les fautes directes (41 au total pour 37 points gagnants). Le n°1 mondial l'entraîne dans sa filière, le balade avec des courts croisés et utilise à merveille son service slicé de gaucher du côté de l'avantage.

Jusqu'à 6-4, 6-1, 2-0, le finaliste des deux éditions précédentes traîne sa peine, mais son adversaire ne "tue" pas le match. Dos au mur, Robin Söderling se libère, revient et s'offre même trois balles de break à 5-5 au troisième set. Mais Rafael Nadal hausse immédiatement son niveau de jeu avec deux bonnes premières balles slicées et un coup droit profond. Puis le tie-break résume le match. Le Suédois craque avec quatre fautes directes et une double faute. L'Espagnol assure avec un ace et un coup droit gagnant. Il peut bondir de joie. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Rafael Nadal avoue ses peurs et triomphe avec humilité. - Sophie DORGAN










Nadal ne vacille plus 

Rafael Nadal a écarté sans difficulté Robin Söderling et retrouvé des couleurs avant les demi-finales : 6-4, 6-1, 7-6. L'Espagnol, qui monte en puissance, n'a rien abandonné au Suédois et profité des approximations parfois incroyables du double finaliste de Roland. Ce sera Murray vendredi en demie.

On lui prédisait le pire. Lui-même se disait en perte de confiance. Prétendait ne pas avoir le niveau pour briguer une sixième couronne Porte d'Auteuil. Mais mercredi, sous le soleil radieux du Central, Rafael Nadal a retrouvé le sourire. Et son jeu. Face à Robin Söderling, l'Espagnol a dissipé les doutes qui le hantaient depuis le début de la quinzaine parisienne. Le n°1 mondial s'est rassuré en balayant le finaliste des deux derniers Roland-Garros (6-4, 6-1, 7-6). L'an dernier, en finale, Söderling avait déjà plié en trois sets. En quarts de l'édition 2011, le quintuple vainqueur du tournoi parisien n'a eu besoin que de 2h35 pour imposer sa loi.  Par séquences, on a retrouvé le grand Nadal : infranchissable, accrocheur et puissant. Son succès face à Ivan Ljubicic n'avait pas gommé l'impression que le Majorquin ne faisait pas encore corps avec sa raquette. Là, il a lâché ses coups. A su convertir six de ses onze balles de break. Mais surtout, il a commis très peu de fautes. Seulement treize au final. Tout le contraire de Söderling, qui a n'a jamais semblé dans le coup. Le cinquième joueur mondial s'est montré d'une accablante fragilité dès que les échanges s'éternisaient. Résultat : pas moins de trente-quatre fautes directes !

Conjuguées à un taux de réussite dépassant péniblement les 50% sur ses premières balles, ces erreurs en pagaille ont eu le don de tuer le suspense dans les deux premières manches. La première n'a duré que quarante-neuf minutes. La deuxième a carrément été expédiée en une grosse demi-heure. Il a fallu attendre la troisième pour assister à un semblant de match. Moins frileux, plus offensif, Söderling a alors poussé Nadal dans ses retranchements. A 5-5, le Suédois a même eu deux balles de break. Elles lui ont donné l'illusion qu'il pouvait revenir dans la partie. Ce n'était qu'un trompe-l'oeil: Nadal a traversé le tie-break sans trembler. Vendredi, l'Espagnol croisera la route d'Andy Murray, tombeur de Juan Igniacio Chela. Sur ce qu'on a vu aujourd'hui, le Britannique a du souci à se faire. Oui, Nadal est de retour ! - Gil BAUDU

article publié sur Eurosport.fr















RG - Rafael Nadal : "Jouer Andy est un défi "

Rafael Nadal avait une grande envie de parler après sa victoire aisée en trois sets face à Robin Soderling. Plus relax, moins renfrogné, l'Espagnol ne semble malgré tout pas encore tout a fait à l'aise. Peu de sourires et des réponses longues et alambiquées ont jonché cette conférence de presse. Rafa se cherche encore mais a tenté de rassurer l'assemblée composée de nombreux journalistes espagnols : "En jouant ainsi, alors peut-être je pourrais gagner Roland Garros". A noter que son père était assis discrètement au fond de la salle, situation assez inhabituelle pour être signalée. Extraits.

Rafael, vous avez dit que peut-être vous ne jouiez pas assez bien pour gagner le titre après le dernier match, est-ce que maintenant vous diriez que vous avez changé un petit peu d'avis aujourd'hui ?

Il y a deux jours de cela, j'ai dit cela, c'est vrai :"Aujourd'hui, je ne joue pas assez bien pour gagner Roland Garros", voilà ce que j'ai dit. Et je peux dire maintenant, qu'aujourd'hui j'ai bien mieux joué selon moi.

Rafa, vous allez jouer contre Andy, je crois que vous le connaissez très bien, pouvez-vous nous parler de lui et comment vous avez vu l'évolution de son jeu cette année ?

Je pense qu'il a très bien débuté la saison en Australie, après il a eu un mois où il n'a pas vraiment joué de son mieux mais après, il a fait son retour plutôt bon et il a fait un très bon tournoi à Monte Carlo selon moi. Il a fait un très bon tournoi à Madrid. C'était un match plutôt dur pour lui là-bas. Puis après Rome, il a joué un match fantastique contre Djokovic, il était très proche, c’était un match très serré. C'était difficile de le battre cette année. Sa performance est bonne cette année, il a atteint les demi-finales. Ce sera un match difficile. Et il sera difficile pour moi de l'affronter en demi-finales.

Je sais aussi que cela dépend de l'adversaire mais il y a deux jours, vous avez dit que vous ne pourrez pas gagner le tournoi et aujourd'hui étant donné la façon dont vous jouez vous pourriez le gagner ?

Je suis en demi-finales, c'est déjà pour moi un très bon résultat d'être en demi-finales. Je ne sais pas. La sixième demi-finale ici à Roland Garros, c'est facile à dire, c'est vrai, mais très difficile à faire. Pour moi, c'est un résultat incroyable notamment lorsque je vois les tournants du tournoi, je n'ai pas toujours joué très très bien mais aujourd'hui j'ai bien joué en tout cas. À chaque demi-finale, je crois que j'ai sorti un bon adversaire, un adversaire très costaud. Je ne sais pas si je peux gagner le tournoi. J'étais prêt à me battre contre celui qui était en finale deux fois pendant ce tournoi et numéro 5 dans le monde.

Que pensez-vous de la demi-finale Djokovic-Federer ?

L'actuel meilleur joueur du monde contre le meilleur joueur de l'Histoire... Difficile ! Selon moi, ce sera un match extraordinaire. Il est certain que c'est un match qui va être très difficile. Je ne sais pas qui va gagner, les deux ont des chances d'arriver jusqu'à la finale. Djokovic joue très très bien. Mais Roger a assez de potentiel pour battre n'importe quels autres joueurs. Vous savez que dans les derniers tours des Grand Chelem, Roger peut être très très bon.

Rafa, les matchs entre vous et Andy sont à chaque fois spéciaux, c'est un peu comme si vous aimiez bien jouer l'un contre l'autre. Lui dit qu'il aime bien jouer contre toi, est-ce que c'est la même chose de ton côté ?

Je préfère jouer un adversaire plus facile à jouer. Mais jouer contre Andy, à chaque fois, c'est un vrai défi car vous savez qu'il joue particulièrement bien, il est talentueux et l'on peut difficilement le comparer à d'autres joueurs selon moi. En effet, il a tous les coups dans sa palette. Il peut être sur la défensif, il peut attaquer, il court très rapidement, il se déplace bien. La seule chose pour le battre, c'est peut-être jouer un très haut niveau et c'est ce que je vais essayer de faire.

Je suppose qu'au-delà du score c’est la façon dont tu as gagné le match. Ce qui te rend le plus heureux aujourd'hui, c'est de pouvoir arriver en demi-finales ?

Ce dont je suis le plus satisfait sans aucun doute, c'est de voir l'évolution de mon jeu et d'être en demi-finales d'un tournoi aussi difficile que Roland Garros, car c'est difficile d'arriver à ce niveau. Je pense que j'ai surmonté une situation très difficile. Je suis arrivé en demi-finales sans avoir joué mon meilleur tournoi. Aujourd'hui, j'ai joué un très bon niveau de mon point de vue. J’ai trouvé aujourd’hui des solutions que je ne pensais pas pouvoir trouver. J’étais content de les trouver, et d’être resté concentré pendant tout le match. Vraiment, je pense que j'ai fait en sorte de ne pas perdre ma concentration pendant tout le match. C'est ce qui me manquait le plus ces derniers matchs. Aujourd'hui, j'ai pu maintenir mon niveau de jeu. C’est un adversaire difficile et il a fallut que je fasse de très beaux points pour arriver à mener au score. Il ne m’a fait aucun cadeau, il a fallu que je me batte jusqu’au bout.

L'autre jour, tu expliquais que tu avais l'impression que dans ta carrière, chaque fois que plus le niveau de ton adversaire est élevé plus tu élèves le tien. Tu as sorti des services exceptionnels pour les deux balles de break, dont une pendant le tie-break. Est-ce que tu les réserves pour ces moments là ?

Je ne réserve rien du tout, jamais ! J’essaie toujours de faire le maximum. A la question de savoir comment je monte mon niveau de jeu quand j’en ai besoin, je répondrai que c’est l’adversaire qui vous aide à améliorer votre propre niveau. Aujourd’hui, j’ai pu élever mon niveau suffisamment pour gagner, mais parfois cela ne suffit pas. Je ne sais pas si c’est quelque chose que l’on peut travailler, mais les meilleurs joueurs sont tous capables de faire ça, autrement ils ne seraient pas les meilleurs joueurs. Et moi, dernièrement j'ai fait partie des meilleurs joueurs du monde et j'ai pu à chaque fois élever mon niveau. Peut-être qu'un jour, cela ne sera plus vrai. Aujourd'hui, je l’ai fait, j’ai gardé la tête froide, je suis resté calme. J’ai atteint la demi-finale d’un tournoi très important pour moi et pour d’autres aussi. J'ai accumulé un peu de points. Ce n'est pas le plus important mais c'est quelque chose de positif pour moi de pouvoir me maintenir en très bonne position dans le classement. Je cherche toujours à faire le service qui me permettra de gagner le mieux le point, j’essaye de le surprendre. Je ne veux pas lui donner une balle facile. Parfois, j’essaye de gagner du temps, de servir de manière à avoir plus de temps pour retourner. Au début, j’essayais de servir sur son revers pour le sortir du court. Quand vous servez toujours au même endroit, il va toujours vers cet endroit, j’essayais donc de le surprendre en faisant le contraire de ce que j’avais fait avant. J’ai utilisé ce service dans le tie-break, cela m'a bien servi aussi à 5-5.

Le niveau du tournoi est très élevé, Murray avait beaucoup de difficultés, toi aussi, est-ce que c'est bien d'un côté que les gens se rendent compte que ce n'est pas si facile de gagner ?

Les spectateurs ne se rendent pas toujours compte des difficultés jour après jour d'un joueur de tennis. Être sur le court tous les jours, jouer et puis essayer de se maintenir à un très haut niveau, cela demande beaucoup de travail, mais tout le monde sait que tout peut arriver au plus haut niveau de la compétition. Au bout du compte, il n’y a qu’un seul gagnant. C'est mathématique. Il y en 128 à l'entrée et 127 vont perdre à la fin, c'est toujours la même chose à chaque tournoi. C'est un sport qui est très exigeant du point de vue physique et mental et technique aussi. - Audrey Riou



 

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"Gagner contre un champion comme Rafael signifie beaucoup pour moi. Rafael est un joueur fantastique. Il va être présent longtemps et je suis content d'avoir gagné ce titre avant qu'il ne les prenne tous" --Roger Federer