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lundi 30 mai 2011

Rafa atteint les quarts de finale à Roland Garros

Nadal se fait violence

En 2h26', Rafael Nadal s'est défait du Croate Ivan Ljubicic (7-5, 6-3, 6-2). L'Espagnol se hisse ainsi en quarts où il croisera la route de... Robin Söderling. 

Rafael Nadal n'est pas guéri, mais il se soigne. Face à Ivan Ljubicic lundi, on a par moments revu du grand Nadal, conquérant en coup droit, acharné en défense et rentrant dans le court avec assurance. Mais on a aussi revu encore le joueur qui, depuis le début du tournoi, a bien du mal à garder sa ligne directrice.

Il a fallu véritablement attendre 5-5 dans le premier set pour voir le n°1 mondial sonner la révolte. Avant, il a mené 3-1 balles de 4-1 pour aussitôt reculer et se faire rejoindre par l'expérimenté Croate qui lâchait de plus en plus ses lourdes frappes. Agacé de voir encore le scénario se répéter, ''Rafa'' a pris sur lui et a fait ces quelques incursions en plus dans le court et vers le filet qui ont tout changé. Plus qu'un changement tactique, c'est un nouveau départ dans les intentions affichées. Une voie vers laquelle il sait qu'il doit de toute manière tendre, comme il l'a confié par la suite.

Du mieux dans les intentions

Le conquérant a pris le pas sur le joueur dont la confiance en a pris un coup ces derniers mois. Les deux derniers sets n'ont pas forcément été très égaux du point de vue qualité mais ils ont été incroyablement meilleurs au niveau de l'approche. Les regards agacés voire perdus vers son clan ont ainsi laissé place aux poings serrés, aux encouragements sonores et à une attitude globale bien plus proche du patron du circuit qu'il est encore. Certes, l'adversaire du jour ne lui a pas fait payer ses errances et occasions. Un constat un peu étonnant de la part de Ljubicic qui a commis beaucoup de fautes et a un peu manqué d'audace. A croire que voir Nadal parfois fébrile perturbe même l'opposition. Pour combien de temps ? Peut-être suffisamment longtemps pour que l'Espagnol bascule de nouveau en mode patron de l'ocre. - Carole BOUCHARD










Rafael Nadal - "Je ne joue pas assez bien pour gagner ici"

Malgré sa victoire face à Ljubicic, on le dit sans sourciller, Rafa n'a pas convaincu, ne s'est pas convaincu. Une fébrilité qu'il a laissé transparaître en conférence de presse. Lui, d'habitude plutôt réservé, a choisi de répondre assez longuement aux questions posées. Le tout teinté d'un regard noir, de soupirs et de "réponses dans ta face". Extraits.

Rafa, un bon résultat aujourd'hui, mais quel est ton état de forme par rapport aux autres matchs de la semaine dernière ?

Un résultat positif. J'ai remporté le match en 3 sets. C'est vrai que c'est positif pour moi. Je suis qualifié pour les quarts de finale, c'est bien. Aujourd'hui, les conditions étaient assez difficiles, le court était balayé un peu par le vent. Cela n'a pas été simple. Mais je crois qu'à 3/2 au premier set ou à 4/3, je ne me souviens pas, je n'ai pas très bien joué sur mon service. A certains moments, je jouais très bien et à d'autres, je rencontrais des problèmes. Je commettais des erreurs à la suite. Au cours du prochain tour, ça ne sera plus possible.

Tu as le sentiment de bien contrôler la balle ou pas ? Au premier set, on avait l'impression que tu avais du mal à trouver le rythme sur ton coup droit.

C'est vrai, l'adversaire était difficile. Parfois, il n'y avait pas beaucoup de rythme. C'est très difficile d'avoir du rythme et de la cadence face à Ljubicic. Parfois, il fait des erreurs, ensuite 2 points gagnants, il a un très bon service aussi. C'est difficile de savoir quand on va pouvoir frapper 5 ou 6 balles de suite avec la même constance et le même rythme. Je pense que ça n'était pas le bon adversaire pour trouver la cadence, le rythme.

Si tu dois comparer ton niveau de jeu actuel par rapport à ton niveau de jeu les années passées, comment le situes-tu ?

Cela dépend quelle année vous voulez comparer. C'est très difficile si vous devez faire des comparaisons de tous les matchs que j'ai faits, car cela va durer longtemps ! En 2006, je ne pense pas avoir joué très bien pendant tout le tournoi. En 2007, mon niveau de jeu était normal. En 2008, mon niveau de jeu était fantastique, notamment pour les quarts de finale, les demi-finales et la finale, j'avais un niveau de jeu très bon. En 2009, mon niveau était exécrable. En 2010, cela dépend. Je dirais que pour la demi-finale et la finale, mon niveau de jeu était plutôt bon alors que les tours d'avant, ça n'était pas le cas. C'est vrai que le deuxième match était mauvais, le premier match n'était pas mauvais dans l'ensemble, je pense. Je pense que le premier match a été positif, même si c'était difficile.

Hier, Novak Djokovic a parlé de la pression sur les épaules des différents joueurs, notamment de la pression tout au long de l'année. Peux-tu nous parler de cette pression tout au long de l'année ? Penses-tu qu'il y a beaucoup de pression sur toi, notamment dans un sport où la saison est très longue ? 

J'en ai déjà parlé il y a un ou deux jours. Il faut demander à vos collègues de vous donner la réponse, car je ne veux pas être long là-dessus. Question suivante.

Fognini est sorti du tournoi. Novak ne va pas jouer pendant 3 ou 4 jours, qu'en penses-tu ?

C'est fantastique! Dites-moi le mauvais côté de cela ?

Le manque de rythme !?

Le manque de rythme ?! Vous me dites cela ?! Avec autant de victoires, il a 41 victoires d'affilée et vous pensez qu'il manque de rythme et de cadence ?!

Nous n'avons jamais eu de numéro un mondial à qui on pose autant de fois les mêmes questions "pourquoi vous jouez si mal, comment vous sentez-vous sur le court, pourquoi faites-vous tant d'erreurs, pourquoi tant de fautes etc.) Etes-vous surpris de répondre à ces questions, de savoir pourquoi vous n'êtes pas au meilleur de votre forme ?

Je pense que c'est bien, c'est fantastique, c'est vrai. Tous les jours, on parle de mon niveau de jeu qui est plutôt médiocre. Je suis en quarts de finale et pourtant, j'ai joué 6 finales de suite cette année, mon année est plutôt très bonne, mais il y a un joueur qui est meilleur que moi, c'est tout. Je pense que j'ai la possibilité de finir l'année avec un classement très élevé. Ça n'est pas une obligation pour moi de jouer très bien tous les jours. Pour l'instant, je suis numéro 1, pour une semaine de plus en tout cas. Vous savez, le numéro 1 mondial ne joue pas toujours à un niveau de numéro 1 mondial. Vous pouvez être numéro 1 mondial mais parfois, votre niveau de jeu correspond au niveau du troisième joueur mondial ou du dixième. Et parfois, le dixième joueur mondial peut jouer au niveau du numéro 1 mondial. En fait, je suis numéro 1 parce que tout au long de la saison, je suis régulier. Parfois, je ne joue pas bien, je ne joue pas très bien en ce moment, mais je suis en quarts de finale et j'espère jouer un meilleur match la prochaine fois. Parfois, quand on gagne et que l'on ne joue pas bien, c'est parfois positif, plutôt que gagner et que jouer bien. Les grands joueurs peuvent le faire, peuvent gagner sans bien jouer.

Ta confiance ?

Confiance à propos de quoi ?

Pour continuer...

Continuer où ? Je ne joue pas assez bien pour l'instant pour remporter le tournoi. Il faut être réaliste. Je pense qu'aujourd'hui, mon niveau de jeu n'est pas suffisamment bon pour remporter la victoire. Mais j'espère en tout cas améliorer mon niveau de jeu après-demain, lors du troisième tour. Vous savez, j'ai remporté le tournoi à 5 reprises ici, donc je n'ai pas d'obligation de le remporter une sixième fois.

Es-tu optimiste quant à ton niveau de jeu prochain ? Penses-tu que ton niveau de jeu va croître ou cela va-t-il être un processus progressif ?

On verra. Je ne suis pas un devin. On ne peut pas lire dans la boule de cristal n'est-ce pas ? Donc on verra ! Bien sûr, si on n'est pas optimiste, on ne peut pas trouver les solutions. Je pense qu'il faut être suffisamment positif. Il faut que j'aie un état d'esprit ouvert pour trouver les solutions et chaque jour, je dois me battre pour avoir un meilleur niveau de jeu. Je sais que je ne suis pas loin d'un niveau de jeu correct. Je le sais, c'est donc positif pour moi.

Je ne cherche pas des problèmes mais en même temps, je remarque tout de même un petit changement. Tu dis que tu joues avec un peu plus de stress. C'est général dans le match ou est-ce à un moment crucial où tu as un point de break et que tu n'arrives pas à gérer, à concrétiser ? Par exemple, quand tu parlais des petites erreurs, tu mènes, tu as un break au dessus et tu n'arrives pas à concrétiser. Qu'en penses-tu ?

Stress, oui. Quand on souhaite faire quelque chose et que l'on n'arrive pas ou bien que les choses ne suivent pas ce que tu avais prévu de faire car le stress ne te permet pas d'être très régulier. Peut-être cela peut-il arriver ponctuellement. Par exemple, j'ai concrétisé le break après le troisième set 3/1, 3/2 et j'ai joué de mieux en mieux. Parfois, c'est un peu en dents de scie. Parfois, je joue un peu irrégulier, c'est vrai. En même temps, je ne sais plus quoi vous dire d'autre ! J'ai déjà expliqué tous ces points longuement. Je vous ai déjà dit ceci, je vous ai déjà dit ce que je comptais faire pour les résoudre, je suis assez serein. - Audrey Riou

article publié sur WeLoveTennis.fr 










Et pourtant il gagne…

Vainqueur en trois sets de Ljubicic (7-5, 6-3, 6-3), Nadal fait grise mine sur son jeu. Il n’a pas tort.

Rafael Nadal est arrivé en retard à sa conférence de presse. Il était dans les vestiaires à consoler son compatriote David Ferrer, crucifié au cinquième set par Gaël Monfils. « J’ai souffert en regardant sa fin de match », avoua le numéro 1 mondial. Et Nadal souffre aussi en ce moment quand il se voit dans la glace. Bienvenue sur le divan. Depuis son premier match, il s’allonge sans qu’on ne lui demande rien. Hier, par exemple. Une victoire en trois sets, face à un joueur qui a encore quelques restes de sa demi-finale de 2006. C’aurait pu donner un bulletin météo plein de ciel bleu. Nadal le truffa de gris d’emblée : « J’ai encore joué avec trop d’anxiété par moments. A 3-2 avec le break, j’ai fait un jeu de service très, très mauvais. Je joue bien par moments, mais à d’autres, j’ai encore des séries d’erreurs. »

Nadal a plaidé non coupable aussi : « Le vent tourbillonnant était gênant et Ljubicic ne donne aucun rythme. » Deux fois vrai. Ce qui permet de relativiser le blues du Majorquin. Un Nadal vraiment mauvais, lors d’un huitième de Roland-Garros, on a déjà vu, c’était en 2009, le jour où Soderling mit au tapis le champion invaincu en quatre participations. Rien de tel hier. Le temps était à l’orage, mais aucun coup de tonnerre ne retentit dans le ciel et sur le court. Nadal breaka le premier au premier set, mais commit ensuite un jeu de service horrible. La même mésaventure allait lui arriver dans la troisième manche. Dans chacun de ses quatre matches, le numéro 1 mondial a au moins subi deux pertes de service. Rien de remarquable, a priori, sur terre, sauf qu’en l’espèce, il s’est souvent agi de débreak. Et Nadal n’aime pas gâcher. « Si je peux gagner un set 6-3, je ne dois pas le gagner 6-4 ou 7-5. C’est ce qui me manque en ce moment. »

Nadal : « Aujourd’hui, je n’ai pas le jeu pour gagner le tournoi »

Le quintuple champion sait bien qu’il a laissé trop de gomme depuis le début du tournoi. « Aujourd’hui, je n’ai pas le jeu pour gagner le tournoi », avoua-t-il hier. On ne peut pas être plus clair. Le match d’hier a confirmé qu’il était en retard sur son tableau de marche pour garder son spectre. On connait les paramètres du jeu de Nadal. Il faut qu’il contrôle l’échange pour finir par assommer l’adversaire avec son coup droit. Il doit être réactif sur ses appuis, sur son jeu de jambes en attaque. Sur une balle de break, à 1-1 dans le deuxième set, que Nadal boisa, cette spectatrice pleine de bon sens, s’écria : « Faute de placement ! » En effet.

Rien de plus dur que de garder ses jambes toujours en alerte pour obtenir les appuis requis pour une frappe optimale. Il y faut une concentration maximale. Or Nadal a d’évidentes sautes de concentration. Il prétendait hier que son match le plus horrible avait été celui contre Andujar. Une victoire en trois sets pourtant. Hier, le chiffre trois était moins trompeur. « Ca progresse, » analysait Toni Nadal, l’oncle et entraineur, «  mais il faut encore gagner en constance. » Qu’en pense Ljubicic, quatrième victime de l’Espagnol ? En battu respectueux, il dit à peu près la même chose que les trois premiers vaincus. Le « King », a eu certes des moments d’égarement, mais au final, c’est la couronne bien posée qu’il a fini le match : « Quand il a réussi à se relâcher après le premier set, il a pratiqué un tennis de haut niveau. » Mais les prochains adversaires, par définition plus coriaces, le laisseront-ils se remettre de ses « anxiétés » passagères, à commencer par le prochain, un certain Söderling ? Ljubicic a bien résumé la situation : « Si Nadal gagne son prochain match, on pourra dire qu’il est de retour aux affaires. » Il n’aura que vingt-quatre heures pour guérir ses nerfs pour de bon. – Pascal Coville

article publié dans L'Equipe papier du mardi 31 mai 2011





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"Gagner contre un champion comme Rafael signifie beaucoup pour moi. Rafael est un joueur fantastique. Il va être présent longtemps et je suis content d'avoir gagné ce titre avant qu'il ne les prenne tous" --Roger Federer