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dimanche 17 avril 2011

Rafa remporte son septième titre consécutif à Monte Carlo

Nadal, sept incroyable 

Personne n'avait remporté 7 fois de suite le même tournoi. Et pourtant Rafael Nadal l'a fait. Le Majorquin, N.1 mondial, a décroché un 7e titre consécutif à Monte-Carlo en battant David Ferrer (6-4, 7-5) en finale, signant sa 37e victoire de suite sur le Rocher. C'est son premier titre en 2011.

Quoi de mieux que la terre battue pour étoffer le palmarès de Rafael Nadal ? Monte-Carlo est une valeur sûre pour lui depuis 2005 et 2011 n'y a pas fait exception : la Principauté est encore restée le bastion du Majorquin. Comme en 2008 et l'an dernier, le N.1 mondial a lancé sa saison sur le Rocher en étoffant son palmarès d'un titre ATP supplémentaire. Bredouille depuis Tokyo en octobre 2010, le N.1 mondial y décroche un 7e succès de suite et le 44e titre ATP de sa carrière. Ou pour être plus précis, un 19e titre en Masters 1000, soit deux de mieux que Roger Federer et Andre Agassi, ce qui constitue le record absolu dans cette catégorie de tournois. A bientôt 25 ans, c'est énorme.

Face à lui, David Ferrer avait pourtant des arguments à vendre. Contrairement au vainqueur du jour, le Valencian n'avait pas perdu un set avant la finale et n'avait pas lutté trois heures face à Jürgen Melzer en demi-finales. Mais comme à Rome en 2010, Nadal, auteur pourtant de 14 fautes directes en coup droit, l'a empêché de décrocher son premier titre en Masters 1000. "C'était un match très disputé. Sur la fin du deuxième set, à 5-5 sur mon service, j'ai fait deux fautes directes qui m'ont coûté très cher, regrette David. "Rafa" est incroyable sur cette surface. Il est pratiquement indébordable."
 
19e Masters 1000, série-record en cours
 
Sept succès de suite dans un tournoi, c'est tout simplement du jamais vu dans l'ère Open. Il faut remonter à plus d'un siècle, dans les années 1880, pour voir l'Américain Richard Sears remporter sept Championnats américains de suite. Mais c'était à une époque où le tenant du titre était directement qualifié pour la finale suivante et qui n'avait rien à voir avec l'univers ultra-concurrentiel d'aujourd'hui. Vainqueur de son 37e match de suite sur le Rocher, Nadal n'a perdu que six sets en sept éditions à Monte-Carlo depuis 2005. Sachant qu'il n'était pas présent en 2004, le seul joueur à l'avoir battu ici reste l'Argentin Guillermo Coria, au 3e tour en 2003. Vous avez dit invincible ? Il y a encore plus fort.
Le N.1 mondial a gagné sa 29e victoire de suite sur terre battue depuis son élimination en huitièmes de finale de Roland-Garros 2009 par Robin Söderling. Depuis, il a remporté deux matches de Coupe Davis sur la surface, Roland-Garros en 2010 et 4 Masters 1000 (Monte-Carlo en 2011 et 2010, Rome et Madrid en 2010) et n'y a perdu que trois sets. Ce dimanche, il a remporté son 30e titre ATP sur terre battue (sur un total de 44) où il n'a perdu que six matches en 187 rencontres depuis début 2005. Il rejoint Björn Borg et Manuel Orantes à la 3e place du palmarès de tous les temps, mais n'est pas la référence ultime sur cette surface, Guillermo Vilas avec ses 45 titres étant encore tranquille pour un moment. Pour les adversaires de Nadal, c'est une autre histoire. - Sébastien PETIT (avec AFP)





Jeu, sept et match, Nadal

Pour la septième saison d'affilée, Rafael Nadal remporte le tournoi de Monte-Carlo. Le numéro 1 domine (6-4, 7-5) David Ferrer.

Pendant les tournois, Rafael Nadal et David Ferrer sont souvent côte à côte. Joystick en main, ils se battent... à la Playstation. Et Rafa choisit Roger Federer comme joueur virtuel pour défier son compatriote. Sur le court, les deux copains sont face à face. Raquette en main, ils se battent... à la régulière. Et Rafa fait du Rafa. A Monte-Carlo, cela fait sept ans que cela dure et cela marche à chaque fois. En Principauté, il est seul au monde. Il peut fermer les yeux, lever les bras et aller féliciter le vaincu. C'est toujours le même refrain.

Quand il voit le Rocher monégasque, sa confiance se décuple et son jeu devient irrésistible. Pour ce septième titre, le numéro 1 mondial joue une partition classique pour dominer (6-4, 7-5 en 2h16') David Ferrer. C'est l'heure espagnole de Ravel avec tambours et trompettes ! Sous le soleil, ça cogne.Le Majorquin ne change rien malgré la fatigue de sa demi-finale. Il engage le bras de fer. Après une heure de jeu, le tableau d'affichage annonce 4-3 et les statistiques relèvent déjà quatre breaks...

Nadal trop puissant

Les deux hommes se connaissent par coeur. Chacun essaie de déstabiliser l'autre. David Ferrer tente de prendre la balle plus tôt et de venir au filet. Rafael Nadal fait claquer ses gifles de coup droit et brise les velléités de son adversaire sous le poids de son lift. Sa puissance use l'abnégation et il n'hésite pas à faire fructifier cette puissance en venant conclure à la volée. Sur cette surface, il dispose également d'un vrai ascendant psychologique sur le Valencien à l'image du break concédé sur une double faute et une erreur en coup droit à 6-4, 5-5 ou des occasions manquées (2 balles de break converties sur 7).

Mais son froncement de sourcils illustre un soupçon d'insatisfaction... Le Majorquin ne joue pas aussi bien que l'an dernier. A 6-4, 4-2, il ne tue pas le match. Sa longueur de balles laisse parfois à désirer et son quota de fautes directes n'est pas à la hauteur de son exigence. En bon perfectionniste, le numéro 1 mondial ne peut se satisfaire de la seule victoire. Il veut toujours plus. Il a déjà beaucoup avec 30 titres sur terre battue comme Björn Borg ou Manuel Orantes, 37 succès consécutifs sur cette surface et un nouveau record de titres à Monaco. Pour un champion, ce n'est jamais assez et c'est toute sa force. Et il n'a que 24 ans. - Sophie DORGAN

Ferrer : "Rafa est incroyable"

« C'était très dur tout au long du match mais encore plus sur ce jeu à 5-5 alors que je suis bien revenu. Je rate deux coups droits, et voilà. Je suis un peu déçu évidemment, mais également très fier de ma semaine. Je suis très satisfait du niveau de jeu que j'ai atteint, il y a donc de très bonnes choses à en retirer pour la suite. Rafa est un joueur incroyable, il donne l'impression d'être partout sur le court. C'est tout simplement le meilleur joueur de toute l'histoire sur terre battue. Évidemment, il n'est pas une machine et ça pourra lui arriver de perdre. J'ai atteint les demi-finales l'an dernier, là je suis en finale alors peut-être que je pourrais gagner. Enfin si Rafa ne peut pas jouer...(rires). Je rigole hein ! » - C.B.

article publié sur le site Lequipe.fr 




Attention à la marge

Même moyen, Rafael Nadal, vainqueur hier de son 7ème Monte Carlo, reste au-dessus de la meute sur terre battue.

Samedi soi, David Ferrer et Rafael Nadal s'étaient quittés vers minuit sur un match nul. Ils avaient suivi ensemble à la télé le Clasico, Real Madrid-Barcelone (1-1), malgré leur inimitié en ce domaine puisque Ferrer est fan du Barça quand Nadal ne jure que par le Real.

En revanche, pas de nul hier après-midi en finale, plutôt un match décevant dans lequel le numéro 1 mondial ne fut pas impérial mais ne parut jamais non plus au bord de la sortie de route (6-4, 7-5 en 2 h 16).

Ferrer, 6ème mondial, neuf victoires sur terre et aucune défaite (avant hier) en 2011, a beau être un des plus insidieux poisons du circuit et avoir évolué en finale tout prés de ce qu'il peut faire de mieux, il semble condamné à ne jamais disposer du pouvoir d'accélération suffisant pour déposer son compatriote et ami à la régulière. « Demi-finaliste l'an dernier, finaliste cette fois, j'aurai peut-être une chance de gagner l'an prochain si Ra fa se blesse ››, pronostiqua-t-il, avant de préciser, si besoin était, qu'il s'agissait d'une plaisanterie. Sauf qu'au fond de lui il ne doit pas distinguer d'autre solution. En janvier, à Melbourne, c'est à 90 % parce que Nadal s'était déchiré la cuisse qu'il l'avait sorti en quarts de finale.

Hier, le Majorquin n'était pas au top de son tennis mais son corps va bien, merci. Le style de jeu des deux Espagnols empêcha cependant la finale d'atteindre des sommets d'émotion, malgré de très longs échanges, de nombreuses courses et beaucoup de sueur sous un soleil estival. Un Ferrer-Nadal sur terre sans blessure, c'est excitant comme un polar dont on connaît la fin.

Merci Ferrer !

Comme la veille face à Murray (presque trois heures de match dont Nadal reconnut l'impact sur sa fraîcheur physique), le numéro 1 mondial laissa s'échapper trop de coups droits. Trente fautes directes, contre trente-sept à Ferrer. En deux sets, ça fait un sacré paquet pour ces gars-là. Ferrer tenta de bout en bout de coller au plus près de sa ligne pour compenser son infériorité en puissance et en lift mais Nadal parvint, à chaque fois qu'il en avait vraiment besoin, à créer la brèche. Une fois qu'il eut effacé trois balles de débreak d'affilée à 3-2, 0-40, il conserva son emprise sur la première manche (6-4 en 1 h 15).

Pourquoi n'a-t-il pas conclu plus vite alors qu'il menait 6-4, 4-2 ? « J’étais tendu, sans doute parce que j’approchais de la victoire alors que je restais sur deux finales perdues (contre Djokovic) et que celle de Miami avait été dure à encaisser... ›› Mais la nervosité changea vite de camp: « Le smash que David rate à 5-4 pour lui et 15 A m'a pas mal aidé, comme la double faute et le coup droit dévisse qu'il enchaine pour me donner le break à 5-5... ››

Mieux glisser côté coup droit

Sur sa deuxième « balle de sept ››, Nadal planta un passing trop lourd pour la volée de Ferrer, qui resta scotchée dans sa raquette. Il pouvait jubiler : premier titre depuis Tokyo en octobre 2010 et encore de belles perspectives qui s'ouvrent jusqu'à la fin du printemps, même s'il a quitté hier soir la Principauté, direction Barcelone, dans un état d'esprit très différent de l'an dernier: « Ici, en 2070, j'avais joué le meilleur tennis de ma vie sur terre, cette fois je remporte le titre en sachant que je peux améliorer plein de choses et en ayant constaté une vraie inconstance dans ma concentration. C'était surtout vrai pour mes deux derniers matches. ››

Est-il préférable de quitter un tournoi qu'on vient de remporter en étant convaincu qu'on joue un tennis parfait ou au contraire en sachant qu'on gagne en n'étant pas à son meilleur niveau ? « Pas de problème, dans les deux cas de figure je positive », sourit le numéro 1. « Si le niveau est fantastique, je me dis:« Continuons comme ça ; s’il y a de la place pour progresser, je me dis : Essayons de faire mieux chaque jour. Par exemple, c'est toujours plus facile de défendre côté coup droit si on glisse bien, et moi je ne glissais pas bien de ce côté à cette semaine. J'ai deux jours d'entraînement avant d'attaquer Barcelone, alors au boulot! ›› Pas trop quand même, sinon sa marge va devenir un gouffre...- Julien Reboullet



« Un mois pour progresser ››

Toni Nadal sait que son neveu n'évolue pas pour l’instant au niveau de l'an dernier.

« Au début de ce tournoi, Rafael Nadal a déclaré que, l'an passé, il avait joué à Monte-Carlo le meilleur tennis sur terre battue de sa vie. Ça n'était pas du tout le cas cette fois, si ?

- Non, effectivement. L'an dernier, c'était bien au-dessus de ce qu'il a produit cette semaine. Il a notamment commis beaucoup plus de fautes ces derniers jours. Je trouve qu'il arrivait beaucoup plus vite sur les balles il y a un an. Et avec plus de précision. Disons qu'il a évolué à un niveau normal cette semaine.

- Avec parfois quelques hésitations dans ces frappes…

- Oui, mais n'oublions pas qu'il sortait de deux défaites en finale à Indian Wells et à Miami. Même si c'est bien d'aller loin dans les tournois, il avait quand même perdu à chaque fois et je pense que c'est en partie pour ça qu'on a senti assez souvent chez lui de la tension et que certains coups ne partaient pas vraiment bien. Il nous reste du temps avant Roland-Garros, heureusement. On a un mois pour progresser.

- Malgré les lacunes actuelles, il remporte encore le titre ici. C'était essentiel, stratégiquement, vis-à-vis de la concurrence, de reprendre tout de suite son habitude de la gagne ?

- Non, on ne joue pas pour marquer les esprits. L'important, c'était juste de gagner le tournoi. Et voilà que ça fait sept fois de suite. On n'aurait jamais pu imaginer une chose pareille au début de sa carrière.

- Avez-vous été plus inquiet pendant la finale contre Ferrer ou pendant la demi-finale contre Murray ?

- Inquiet? Disons que ça m'a paru plus dur contre Murray, dans des conditions particulières (début de match retardé, adversaire qui reçoit une injection de cortisone au coude juste avant le début et qui évolue ensuite à très haut niveau). J'ai trouvé que par moments Rafa avait un peu perdu le contrôle. Mais bon, au final, il termine par des victoires sur les numéros 4 et 6 mondiaux. Pour nous, c'est bien... ›› - Julien Reboullet

article publié dans L'équipe papier du Dimanche 17 avril 2011




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"Gagner contre un champion comme Rafael signifie beaucoup pour moi. Rafael est un joueur fantastique. Il va être présent longtemps et je suis content d'avoir gagné ce titre avant qu'il ne les prenne tous" --Roger Federer