« On vous a vu très ému quand Rafael pleurait sur sa chaise après sa victoire
C'est normal non ? J'étais très ému pour Rafael. Il n'avait plus gagné depuis onze mois et tout est ressorti d'un coup.
Avez-vous eu peur à un moment qu'il ne rejoue plus à un si haut niveau ?
Pourquoi aurais-je dû avoir peur ?
Ces onze mois sans titre, ce Masters raté où il ne gagna aucun set ...
Vous, les journalistes, vous faites votre travail. Si vous pensiez que Rafael était sur le déclin, qu'il ne serait plus jamais aussi bon qu'avant, c'était votre droit de l'écrire. Mais ce n'est pas notre problème. J'aurais eu peur si j'avais vu que Rafael travaillait moins ou moins bien qu'avant. Je n'ai jamais vu ça.
Comment expliquez-vous qu'il n'avait plus gagné un tournoi depuis Rome en mai dernier ?
D'abord, la blessure au genou. Ensuite, il a mis du temps à retrouver sa pleine confiance. Il hésitait trop dans les fins de set ou de match. On l'a encore vu douter dans cette finale contre Verdasco. À 4-1 dans le second set, il a commencé à avoir peur, à retenir son bras. Enfin, dernière raison, Rafael n'a pas eu de chance ces derniers mois. S'il en avait eu, il aurait gagné au moins deux tournois avant celui-ci. Il aurait gagné Doha et soit Indian Wells soit Miami.
Ça ne vous ressemble pas d'évoquer la chance ...
Je ne dis pas que c'est juste la malchance qui nous a fait perdre pendant onze mois. Ce serait stupide. Je dis qu'elle ne nous a pas aidés.
Aviez-vous changé votre préparation avant Monte- Carlo ? Rafael devait être anxieux ...
Je ne l'ai pas senti nerveux parce qu'il revenait sur terre battue et qu'il était très attendu. Ne ressentent ça que les personnes qui pensent qu'elles sont uniques, spéciales. Rafael n'est pas un animal, pas un extraterrestre. C'est un joueur normal. On a préparé Monte-Carlo comme d'habitude. On ne va rien inventer maintenant. Nous ne savons pas faire beaucoup de choses : à l'entraînement, Rafael a tapé la balle et couru beaucoup. C'est tout. Je ne crois pas à la théorie sur un court de tennis. Je sais qu'il existe de grands penseurs parmi mes collègues mais je n'en fais pas partie.
Rafael a gagné six ans de suite à Monte-Carlo. Il n'a perdu qu'un seul set ici depuis quatre ans (contre Djokovic en finale l'an dernier) et cette année, personne n'a pu ne serait-ce que le titiller ...
Il a joué toute la semaine à un très haut niveau. Sur terre battue, ça ne lui était plus arrivé de jouer si bien depuis Roland-Garros 2008, quand il avait battu Verdasco, Almagro, Djokovic puis Federer.
On a revu dernièrement des images de la première victoire de Rafael à Monaco contre Coria. C'est fou comme son jeu a changé
En 2005, il basait tout sur son coup droit et sa défense. Il courait énormément pour gagner un point. Il frappe tellement mieux la balle aujourd'hui. Il y aussi l'influence du nouveau cordage qu'il a adopté en tout début de saison. Les gens de Babolat ont fait de l'excellent boulot. Ça a complètement changé la balle de Rafael. Elle sort fort de la raquette et avec plus d'effet. Et dire que ça a été si dur de lui faire accepter de changer ce cordage ... Il ne voulait pas. Il disait que l'ancien lui avait fait tout gagner et il déteste changer quoi que ce soit dans ses habitudes.
Justement, vous avez essayé l'an dernier de modifier son service. Et ça na pas été un succès. Il est d'ailleurs revenu à un service moins rapide et plus travaillé
Nous avons changé son service chaque année depuis 2005. Quand on fait mal quelque chose, il faut essayer de changer. Son service est son coup le plus faible. L'an dernier, je lui ai montré des vidéos du service dAndy Murray parce que je pense que Rafael devrait s'en inspirer.
Vous avez dit récemment que le drame de Rafael est qu'il est gaucher. Franchement, c'était un peu de la provoc quand on sait la gêne qu'il cause, notamment à Federer, justement parce qu'il est gaucher
Je ne dis pas que c'est un drame. Et je ne dis pas qu'il aurait été meilleur droitier. Ce serait idiot. Mais je sais qu'il servirait mieux s'il était droitier. Rafael n'est gaucher qu'au tennis. C'est donc dans la main droite qu'il a le plus de sensibilité. Et on s'est rendu compte qu'il était limité au service à cause de ça.
Rafael vient à peine de gagner Monaco qu'on ne voit déjà plus qui pourrait le battre à Roland-Garros.
C'est impossible de penser comme ça. Il a très envie de regagner Roland-Garros. Sa défaite l'an dernier contre Söderling (en huitièmes de finale) l'a beaucoup touché. Je continue de penser que le public ne s'est pas bien comporté ce jour-là. Ça, plus le genou, c'était dur. Je ne l'avais jamais vu aussi triste après une défaite. À part quand il a perdu la finale de Wimbledon en 2007. »
article de l'Equipe publié le 19 avril " RAFAEL N'EST PAS UN ANIMAL" écrit par FREDERIC BERNES
C'est normal non ? J'étais très ému pour Rafael. Il n'avait plus gagné depuis onze mois et tout est ressorti d'un coup.
Avez-vous eu peur à un moment qu'il ne rejoue plus à un si haut niveau ?
Pourquoi aurais-je dû avoir peur ?
Ces onze mois sans titre, ce Masters raté où il ne gagna aucun set ...
Vous, les journalistes, vous faites votre travail. Si vous pensiez que Rafael était sur le déclin, qu'il ne serait plus jamais aussi bon qu'avant, c'était votre droit de l'écrire. Mais ce n'est pas notre problème. J'aurais eu peur si j'avais vu que Rafael travaillait moins ou moins bien qu'avant. Je n'ai jamais vu ça.
Comment expliquez-vous qu'il n'avait plus gagné un tournoi depuis Rome en mai dernier ?
D'abord, la blessure au genou. Ensuite, il a mis du temps à retrouver sa pleine confiance. Il hésitait trop dans les fins de set ou de match. On l'a encore vu douter dans cette finale contre Verdasco. À 4-1 dans le second set, il a commencé à avoir peur, à retenir son bras. Enfin, dernière raison, Rafael n'a pas eu de chance ces derniers mois. S'il en avait eu, il aurait gagné au moins deux tournois avant celui-ci. Il aurait gagné Doha et soit Indian Wells soit Miami.
Ça ne vous ressemble pas d'évoquer la chance ...
Je ne dis pas que c'est juste la malchance qui nous a fait perdre pendant onze mois. Ce serait stupide. Je dis qu'elle ne nous a pas aidés.
Aviez-vous changé votre préparation avant Monte- Carlo ? Rafael devait être anxieux ...
Je ne l'ai pas senti nerveux parce qu'il revenait sur terre battue et qu'il était très attendu. Ne ressentent ça que les personnes qui pensent qu'elles sont uniques, spéciales. Rafael n'est pas un animal, pas un extraterrestre. C'est un joueur normal. On a préparé Monte-Carlo comme d'habitude. On ne va rien inventer maintenant. Nous ne savons pas faire beaucoup de choses : à l'entraînement, Rafael a tapé la balle et couru beaucoup. C'est tout. Je ne crois pas à la théorie sur un court de tennis. Je sais qu'il existe de grands penseurs parmi mes collègues mais je n'en fais pas partie.
Rafael a gagné six ans de suite à Monte-Carlo. Il n'a perdu qu'un seul set ici depuis quatre ans (contre Djokovic en finale l'an dernier) et cette année, personne n'a pu ne serait-ce que le titiller ...
Il a joué toute la semaine à un très haut niveau. Sur terre battue, ça ne lui était plus arrivé de jouer si bien depuis Roland-Garros 2008, quand il avait battu Verdasco, Almagro, Djokovic puis Federer.
On a revu dernièrement des images de la première victoire de Rafael à Monaco contre Coria. C'est fou comme son jeu a changé
En 2005, il basait tout sur son coup droit et sa défense. Il courait énormément pour gagner un point. Il frappe tellement mieux la balle aujourd'hui. Il y aussi l'influence du nouveau cordage qu'il a adopté en tout début de saison. Les gens de Babolat ont fait de l'excellent boulot. Ça a complètement changé la balle de Rafael. Elle sort fort de la raquette et avec plus d'effet. Et dire que ça a été si dur de lui faire accepter de changer ce cordage ... Il ne voulait pas. Il disait que l'ancien lui avait fait tout gagner et il déteste changer quoi que ce soit dans ses habitudes.
Justement, vous avez essayé l'an dernier de modifier son service. Et ça na pas été un succès. Il est d'ailleurs revenu à un service moins rapide et plus travaillé
Nous avons changé son service chaque année depuis 2005. Quand on fait mal quelque chose, il faut essayer de changer. Son service est son coup le plus faible. L'an dernier, je lui ai montré des vidéos du service dAndy Murray parce que je pense que Rafael devrait s'en inspirer.
Vous avez dit récemment que le drame de Rafael est qu'il est gaucher. Franchement, c'était un peu de la provoc quand on sait la gêne qu'il cause, notamment à Federer, justement parce qu'il est gaucher
Je ne dis pas que c'est un drame. Et je ne dis pas qu'il aurait été meilleur droitier. Ce serait idiot. Mais je sais qu'il servirait mieux s'il était droitier. Rafael n'est gaucher qu'au tennis. C'est donc dans la main droite qu'il a le plus de sensibilité. Et on s'est rendu compte qu'il était limité au service à cause de ça.
Rafael vient à peine de gagner Monaco qu'on ne voit déjà plus qui pourrait le battre à Roland-Garros.
C'est impossible de penser comme ça. Il a très envie de regagner Roland-Garros. Sa défaite l'an dernier contre Söderling (en huitièmes de finale) l'a beaucoup touché. Je continue de penser que le public ne s'est pas bien comporté ce jour-là. Ça, plus le genou, c'était dur. Je ne l'avais jamais vu aussi triste après une défaite. À part quand il a perdu la finale de Wimbledon en 2007. »
article de l'Equipe publié le 19 avril " RAFAEL N'EST PAS UN ANIMAL" écrit par FREDERIC BERNES
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