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lundi 9 mai 2011

Novak remporte le titre à Madrid


Une vraie déflagration

Formidable vainqueur de Nadal (7-5, 6-4), Novak Djokovic a pleinement confirmé qu'il était le meilleur joueur du moment.

Lorsqu’elles se prolongent durablement, les séries de victoires engendrent souvent conjointement l'admiration et l'ennui. On s'extasie tout en regrettant l’extrême prévisibilité du résultat. Champion hors norme, homme pétri de valeurs, Rafael Nadal pouvait pourtant susciter, depuis presque six ans, une certaine forme agacement. À quoi bon s'intéresser à Monte-Carlo, Rome, voire Roland-Garros, si l'on en connait par avance le vainqueur ? Rien de tel que l'inexorabilité pour tuer l’essence même du sport.

De ce point de vue, mais de ce point de vue là seulement, le succès de Novak Djokovic, hier, en finale de Madrid, est une bénédiction pour le tennis. Vainqueur en deux sets (7-5, 6-4) et 2 h 17, le Serbe n'a pas seulement mis fin à une série de trente sept succès d'affilée du numéro 1 mondial sur sa surface fétiche. Il a fait mieux, en déboulonnant la statue du Commandeur. Nadal avait fait de même, il y a trois ans, en dégommant le mythe Federer dans son jardin de Wimbledon. Avec les conséquences que l'on sait. L'avenir dira si la date du 8 mai 2011 marque(ou non) une borne dans l’histoire du jeu. Mais le présent est sans appel : aujourd'hui, le meilleur de la planète, toutes surfaces confondues, est serbe et son surnom est « Nole ».

Depuis le 1er janvier, Djokovic affole tous les compteurs. Le voila à 32 succès consécutifs (34 si l’on y ajoute ses deux victoires en finale de la Coupe Davis, en décembre 2010, contre la France). Mais ces stats comptent aujourd'hui moins que la leçon tactique administrée hier au patron de la terre battue. Tous les joueurs qui l'ont affronté le confirmeront : malgré ses formidables progrès au service, à la volée et en revers slicé, la marque de fabrique de l'Espagnol reste encore et toujours la toute puissance de son coup droit. À force de bondir au-dessus de l'épaule, il use les volontés des plus farouches. À fortiori sur terre, où ce bélier défonce systématiquement l’adversaire dans l’incontournable diagonale des revers. Hier, Djokovic a fait bien mieux que résister à cette frappe présumée imprenable : il lui a tordu le cou, en assenant au numéro 1 mondial une flopée de revers gagnants, des quatre coins de l‘échiquier.

Un coup digne de Federer

Eh oui, ce succès est un revers… Mais il n'est pas à la portée du premier venu. Pour réussir parfaitement la recette du « Nadal cuit à l'étouffée », il faut à la fois un coup d'œil, une maitrise technique du coup et une qualité d'appuis que seul Djokovic possède de nos jours. Hier soir, le Serbe entra en outre sur le court avec une volonté délibérée d'agression. Pas question de se laisser embarquer dans des échanges longs comme un jour sans bière. L'heure était à la blitzkrieg. L'attaque fut si foudroyante qu'au bout de 21 minutes, l’Espagnol se retrouva mené 4-0. On imagine l’hébétude du public madrilène.

Mais Nadal ne serait pas Rafa sans son cœur gros comme ça. A l'énergie, et en retrouvant un peu de poids et de longueur de balle, il reprit un break, puis deux. À 5-4, on crut les compteurs remis à zéro. Erreur : lors du jeu qui suivit, le Majorquin fut tout heureux de sauver trois balles de set en profitant notamment de deux fautes de son rival. Mais il ne put retarder l’échéance et pousser le set jusqu'à son jeu décisif. A 6-5, au grand dam de la foule, le filet prit deux fois le parti de Djokovic. L’extrême acuité de son retour de service enfonça le clou. Le Serbe venait d'empocher les huit derniers points du set.

Dans le premier jeu du deuxième acte, Nadal gagna pourtant un point inoubliable en parvenant à glisser un lob parfait d'entre ses jambes. Un coup à rendre jaloux le magicien Federer. L’exploit lui valut le break. Le rugissement qui suivit montra à la fois sa frustration et sa détermination mais « Djoko » ne s'en laissa pas compter. Dès le jeu suivant, le Serbe avait recollé au score en coupant le maximum de trajectoires. À force de poser les pieds à l’intérieur du court comme on les pose sur la table basse de la salle à manger, il était progressivement devenu le proprio du central. Dès lors, Nadal ne put que s'attacher à survivre. À l’énergie, il écarta une balle de breaka 2-1 en enchainant coup droit et volée. Mais, à 5-4, Djokovic l'assomma littéralement en frappant deux formidables revers croisés. À 0-40, « l’Invincible » vendangea une attaque. Mais, sur le point suivant, le revers slicé de Nadal atterrit dans le couloir, le sceptre avait changé de main.

Voila « Djoko » sur les talons du numéro 1 mondial au classement ATP – une simple vue de l'esprit il y a encore quatre mois. Mais là n'est pas sa priorité. L’objectif qu'il tient dans sa ligne de mire n'est pas un chiffre mais un nom. Il s'appelle tout simplement Roland-Garros. – Vincent Cognet

article publié dans L'équipe papier du Lundi 9 Mai 2011 








Nadal ou la défaite qui en dit long 

Pour le N.1 mondial, l'heure est à la remise en question à 15 jours de Roland-Garros. Depuis la finale de Madrid, hier, Novak Djokovic sait qu'il peut battre Rafael Nadal sur terre battue. Il lui a fallu 10 matches pour cela, 9 défaites entre 2006 et 2009 pour comprendre et combler ses lacunes.

L'incroyable série de Rafael Nadal sur terre battue a donc eu une fin. L'Espagnol ne renouvellera pas son exploit de la saison dernière. L'an passé, il avait réussi le Grand Chelem sur terre, en étant titré à Monte-Carlo, Madrid, Rome et Roland-Garros. Cette année, il lui manquera au moins celui de la capitale espagnole. La faute à un Novak Djokovic au sommet de son art. En s'inclinant pour la première fois face au Serbe sur terre battue, le N.1 mondial a mis un peu plus en lumière ses lacunes face au N.2 mondial qui a désormais les clés pour dompter l'indomptable. Jouant souvent trop court, poussé à la faute en coup droit comme en revers, Nadal n'a pu opposer que son coeur en défense, comme sur ce passing exceptionnel, réussi entre les jambes et transformé en lob, qui lui a offert sa première balle de break de la seconde manche. Un coup digne des plus grands joueurs, insuffisant toutefois pour le sortir d'affaire. 

Avec un mental inébranlable depuis la fin 2010, le Serbe a enfin un niveau de jeu à la hauteur de ses ambitions. Avec une forme physique comme jamais, ses phases de jeu sont impressionnantes d'efficacité, ses attaques aussi tranchantes que ses répliques assassines. Face au lift de Nadal qui fait tant de mal aux autres joueurs du circuit, Djokovic a montré qu'il possédait, en plus, l'arme absolue : son revers à deux mains. Et ce, y compris sur terre battue. C'est désormais vérifié. En prenant la balle très tôt, parfois même à hauteur d'épaule, le Serbe n'a pas subi le lift de Nadal, qui s'est révélé sans effet dimanche sur la terre battue madrilène, il est vrai, plus rapide qu'ailleurs. Mais sans un physique à la hauteur pour tenir la cadence infernale de l'Espagnol, le Serbe aurait certainement craqué, comme lors de leur joute mémorable lors de la demi-finale madrilène de 2009. 

Djokovic : "Quelque chose qui me faisait défaut par le passé"

"C'est probablement ma plus belle victoire, de celle que l'on place tout en haut", s'est laissé dire le Serbe, désormais victorieux de 32 matches de suite cette saison. "Je jouais Rafa dans sa ville, dans son pays, avec le soutien des gens. Dans ces circonstances, j'ai joué un match incroyable. Je suis content d'être capable de jouer mon meilleur tennis quand j'en ai besoin. C'est peut-être quelque chose qui me faisait défaut par le passé. Je ne croyais pas assez que je pouvais battre Rafa ou Roger (Federer) dans ces grands tournois, ces grands moments. Mais maintenant, c'est différent." Pour tenir ce discours, il a fallu 10 matches sur terre battue, dont 9 défaites entre 2006 et 2009 pour combler ses lacunes. Mais maintenant, Novak Djokovic sait qu'il peut le faire. 

En faisant la loi dans la diagonale grâce à ce revers de feu réalisé à la perfection, il a réussi à repousser son adversaire loin derrière sa ligne de fond, le pousser à la faute ou le mettre carrément à plusieurs mètres de la balle. Peu de joueurs peuvent réussir à lui résister de la sorte, quelle que soit la surface. On pense à Andy Murray, Juan Martin Del Potro. Egalement à Robin Söderling qui était, jusqu'à ce dimanche, le dernier joueur à avoir battu le Majorquin sur terre battue. Il faut être un joueur avec un toucher exceptionnel, comme Roger Federer pour ne pas le citer, pour y être parvenu avec un revers à une seule main sur surface ocre. Mais le Suisse n'y est parvenu que deux fois dans sa carrière. C'est pour cette raison que la question du physique est très importante : Djokovic n'a pas eu de faille similaire à celui de samedi face à Thomaz Bellucci en demi-finales. S'il avait eu un long moment d'absence dimanche face à Nadal, plus long qu'en fin de premier set lorsque l'Espagnol est revenu de 0-4 à 5-5, un troisième set aurait été joué à coup sûr, avec une issue finalement beaucoup moins évidente. 

Nadal : "La surface n'est pas une excuse"
 
"Je n'ai pas joué mon meilleur tennis aujourd'hui. Il a extrêmement bien joué, en particulier avec son revers", analyse justement le Majorquin qui a été incapable de faire reculer le Serbe ou de trop le décaler pour mieux le prendre de vitesse. "Ce coup lui a permis de très bien ouvrir le court. J'ai joué un peu trop court. Je dois être plus agressif sur mon coup droit. C'est ce que je dois travailler sur mes prochains matches, pas seulement face à Novak. Les conditions ici étaient un peu plus difficiles, car la surface est plus rapide. Mais ce n'est pas une excuse. Il est mentalement très fort maintenant, il ne fait pas d'erreur. Il joue avec avec énormément de confiance."
 
La question est de savoir si Novak Djokovic sera capable de rééditer pareille performance sur terre battue, d'autant plus au meilleur des cinq manches à Roland-Garros, le prochain objectif affiché de Nole. Si son physique reste fort, il n'y a aucune raison pour qu'il n'y parvienne pas. Il a réussi à résister à Nadal deux fois de suite sur dur à Indian Wells et Miami. Et une troisième fois avec brio sur terre à Madrid. Il ne faut pas oublier qu'il a sciemment zappé Monte-Carlo pour se reposer et préparer son jeu sur terre chez lui à Belgrade... Son timing est donc parfait. A Rome, dans le sixième Masters 1000 de la saison qui a débuté dimanche, la donne sera sensiblement la même. A ceci près que la surface sera plus lente qu'à Madrid et que Nadal aura la semaine pour commencer à rectifier le tir. Et trouver une solution pour faire déjouer le Serbe à son tour. Car il ne faut pas oublier que la plus grande capacité du Majorquin est sa rapide faculté d'adaptation à ses adversaires, comme aux surfaces sur lesquelles il joue... Sa place de N.1, pas encore menacée malgré la perte de son premier titre sur terre, est à ce prix. - Sébastien PETIT







Djokovic fonce sur Nadal

Rafael Nadal voit fondre son avance au classement. Lundi, il ne compte plus que 1805 points d'avance sur Novak Djokovic qui semble prêt comme jamais à prendre le pouvoir.
«Arrêtons de parler de la question du n°1. Ce n'est même pas que ma place de n°1 est en danger, c'est fini. Arrêtons de nous mentir, c'est ça la réalité.» Rafael Nadal, après sa défaite en finale à Madrid a quasiment annoncé Novak Djokovic en nouveau n°1 mondial. Une théorie qu'il martelait déjà à Monte-Carlo, affirmant que le Serbe pouvait le détrôner dans un mois ou deux. Et il est proche d'avoir raison, car ce lundi au classement l'avance de l'Espagnol n'est plus que de 1805 points au classement sur son dauphin ! Un scénario inimaginable en début de saison mais qui devient de plus en plus crédible étant donné la domination du Djoker depuis janvier. Mais la défaite de Madrid, même si elle fait mal, n'a pas démoralisé l'Espagnol : «C'est quand même prendre un coup dans le buffet, mais je ne suis pas au plus bas. Perdre à Miami a été beaucoup plus dur à encaisser.

«Mon objectif est d'aller au bout à Paris et je vais tout faire pour être au top là-bas.» Novak Djokovic
Nadal compte donc 12 470 points contre 10 665 pour Djokovic, à ce niveau ce n'est rien. Mais le Serbe ne veut rien entendre et reste prudent. S'enflammer en ce moment face à un adversaire aussi redoutable que Nadal pourrait coûter très cher. Alors, s'il se rapproche du Graal, ''Nole'' ne veut pas y penser. «Si je continue à gagner, je vais m'en rapprocher mais j'essaie de ne pas trop penser à ça en ce moment. Je dois rester concentrer sur les prochaines échéances.» Et là en revanche il ne se cache pas. Après avoir fait tomber Nadal chez lui et sur terre battue, il veut Roland-Garros. «Rafa est là-haut, il a gagné cinq fois, moi j'ai perdu deux fois en demi-finales. Grâce au fait que je suis dans la forme de ma vie, je suis un des favoris pour le titre, mais Rafa n'a perdu qu'une fois à Paris. Mon objectif est d'aller au bout à Paris et je vais tout faire pour être au top là-bas.» Avis à ceux qui le disaient proche du point de rupture : Novak Djokovic, lui, se dit frais comme un gardon. 

Derrière, Roger Federer compte 8900 points et s'accroche même si sa situation se complique très sévèrement. Pour le reste, le trou est fait avec un Andy Murray quatrième avec 5905 points. Gaël Monfils, lui, retrouve la 9e place mondiale ce lundi grâce à la chute d'un cran de Nicolas Almagro. Richard Gasquet est 16e et Jo-Wilfried Tsonga (18e) qui réintègre le Top 20. Joli tir groupé des Bleus avec Gilles Simon 19e et Michaël Llodra, 21e, qui atteint le meilleur classement de sa carrière. Le Brésilien Thomaz Bellucci gagne 14 places pour atteindre la 22e place grâce à se demie en Espagne. - C.B.
 
Numéro 1 dans huit jours si: Novak Djokovic sera le nouveau n°1 mondial la semaine prochaine s'il s'impose à Rome et que Rafael Nadal perd avant les demies. Dans les 1805 points d'avance de ce lundi, les points de sa victoire à Madrid ne sont pas encore décomptés en raison d'un changement de calendrier.




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"Gagner contre un champion comme Rafael signifie beaucoup pour moi. Rafael est un joueur fantastique. Il va être présent longtemps et je suis content d'avoir gagné ce titre avant qu'il ne les prenne tous" --Roger Federer