C'était leur 24ème confrontation, la deuxième d'affilée en demi-finale d'un tournoi, après Miami, en mars dernier - un scénario pas si fréquent que ça, les deux ayant plutôt l'habitude de se retrouver en finale. Les Nadal-Federer ont toujours une saveur très particulière, cette saveur du jeu, cette saveur des records, cette saveur historique, chacun ayant écrit, avec son propre style, une portion de l'histoire du tennis. Celui-ci, en demi-finale du tournoi de Madrid, ne dérogeait pas à la règle. Un Nadal qui poursuit son incroyable série, avec 36 victoires consécutives sur terre et six titres depuis sa défaite contre Söderling en 2009 ; un Federer qui tente de nouvelles choses pour retrouver une réussite qui le fuit face à ses principaux rivaux, qui recherche de nouvelles sensations sur terre en vue de perfer à Roland.

Comme souvent, c'est Rafael Nadal qui démarre le mieux, breakant assez rapidement un Federer timide, donnant pas mal de points. Mais le Suisse se reprend en fin de manche, sauvant notamment trois balles de break d'affilée, avant de coiffer Rafa au poteau. Il empoche le premier acte 7-5, compensant sa médiocrité au service - 45% de premières balles - par une belle agressivité en retour.

Ce Roger qu'on voit là, on l'aime bien. On l'aime moins celui qui vient. Le voici qui s'énerve d'entrée de deuxième set, suite à un point litigieux. Janus à visage double, l'ex-number one nous montre de lui le pire, comme le meilleur, à son habitude. Les astrologues en herbe en perdraient leur latin : ce Lion est plus Gémeau que le garçon d'en face ! Le garçon en question ne perd pas de temps et profite des erreurs de son inconstant aîné. Il breake, rebreake et s'envole vers la bulle, tout juste sauvée par Fed après un vrai temps faible de part et d'autre. 6-1 Nadal, balle au centre.

La troisième manche se joue à peu de choses, la tartine semble beurrée des deux côtés. Mais, au tennis, le coup de la tranche n'existe pas, les matches nuls non plus. Rafa, très solide au service - 90% de premières dans le troisième set -, concède une occasion de break miraculeuse à son adversaire. Ce dernier peut maudire quelque revers lifté... La balle est longue et l'opportunité manquée. En face, le maître des lieux, en taureau mugissant, encorne le pauvre torero - en même temps, des toreros suisses, vous en connaissez beaucoup ? - et réalise le break sur son unique possibilité. Game, set and match, Rafael Nadal, 5-7 6-1 6-3.

Le duel Rafa-Roger aura, comme d'habitude, rempli toutes ses promesses et comblé ses inconditionnels. Comme toujours, Rafa l'a emporté. Comme toujours, c'est une bête invincible sur terre. Comme toujours, il sera favori, demain, en finale, face à Djoko ou Bellucci. Alors, va-t-il l'emporter... como siempre ? - Rémi Cap-Vert